
La terminaison du participe passé des verbes du troisième groupe résiste à une logique apparente. ‘Prendre’ suit le modèle : ‘pris’ et non ‘prit’, contrairement à d’autres formes verbales qui brouillent la piste. Pourtant, la confusion persiste jusque dans des textes officiels ou des examens. La distinction repose sur une règle stricte, mais dont l’application fluctue selon le contexte.
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Pourquoi l’erreur « il a prit » est-elle si fréquente ?
Le duel entre pris et prit sème le doute chez bien des francophones, quel que soit leur âge ou leur parcours. On a beau s’être frotté à la conjugaison dès l’école, la langue française aime brouiller les cartes. D’un côté, « il a pris » s’écrit au passé composé ; de l’autre, « il prit » appartient au passé simple. Deux temps, deux réalités, mais à l’écrit, l’hésitation persiste.
Pourquoi ce faux pas revient-il si souvent ? La réponse tient d’abord à la prononciation : à l’oral, « pris » et « prit » s’entendent de la même façon, ce qui ne laisse aucun indice pour trancher. À l’écrit, on croit voir un schéma familier (« -it » comme dans « écrit »), et la main glisse facilement vers la terminaison erronée. Pourtant, la norme est claire : le participe passé de « prendre » s’écrit toujours « pris », avec un « s », jamais autrement.
Les enseignants relèvent une autre cause : l’influence de verbes tels que « écrire » ou « dire » (écrit, dit), qui entretient la confusion entre pris et prit. On aimerait que la logique suive, mais la langue française cultive ses exceptions et invite à la vigilance. Rien d’étonnant à ce que l’erreur survive, même chez celles et ceux qui maîtrisent pourtant les bases de la grammaire.
Pour clarifier les choses, voici comment distinguer les deux formes :
- Le passé composé exige « pris » : « il a pris sa décision ».
- Le passé simple réclame « prit » : « il prit la parole ».
On retrouve cette faute aussi bien dans les échanges formels que dans les messages quotidiens. Éviter le piège suppose d’intégrer la logique du système, en s’appuyant sur quelques réflexes simples.
Focus sur la règle : participe passé ou passé simple ?
La grammaire française trace une frontière nette entre deux temps et deux usages pour « prendre » à la troisième personne du singulier. D’un côté, le passé composé : il s’utilise avec l’auxiliaire « avoir » (« il a pris ») et demande le participe passé. De l’autre, le passé simple, sans auxiliaire (« il prit »), réservé aux récits, à la narration ou à la littérature.
Le passé composé s’appuie sur « avoir » : « il a pris ». Même logique pour d’autres verbes du troisième groupe : « il a compris », « il a appris ». Impossible de se tromper : la terminaison ne varie pas, la règle grammaticale ne bouge pas d’un iota.
À l’inverse, dès que l’auxiliaire disparaît, on bascule au passé simple : « il prit ». C’est le temps des contes, des romans, du style soutenu. À la troisième personne du singulier, la terminaison « -it » s’impose : « il prit », « il fit », « il dit ». Cette cohérence rassure… sauf quand on confond les rôles respectifs du participe passé et du passé simple.
- Participe passé avec auxiliaire : il a pris (passé composé).
- Passé simple, sans auxiliaire : il prit.
Pour dompter cette règle, il suffit de repérer l’auxiliaire. S’il précède le verbe, la bonne forme sera « pris ». En son absence, place au passé simple : « prit ».
Des exemples parlants pour ne plus jamais hésiter
Rien de tel que des phrases concrètes pour fixer la distinction. Le verbe « prendre » au passé composé s’invite dans des situations claires : « il a pris une décision », « elle a pris le train ce matin », « on a pris note de votre remarque ». La présence d’un auxiliaire (« a », « ont ») annonce le participe passé « pris », jamais « prit ».
- Il a pris la parole devant l’assemblée.
- Ils ont pris rendez-vous pour le lendemain.
- J’ai pris le temps d’y réfléchir.
À l’inverse, le passé simple s’emploie surtout dans des textes littéraires ou des récits : « il prit son manteau et sortit », « elle prit le livre sur la table », « il prit conscience de l’enjeu ». Là, l’absence d’auxiliaire rend la terminaison « -it » incontournable à la troisième personne.
- Il prit la fuite sans se retourner.
- Elle prit la parole d’une voix ferme.
Quant aux expressions avec prendre, elles obéissent à la même règle : « pris la main dans le sac », « pris au piège », etc. Maîtriser cette nuance, c’est s’assurer une orthographe fiable, que ce soit dans un courrier professionnel ou un texte soigné.
Mémos et astuces simples pour retenir la bonne forme
Le français ne manque pas de subtilités, mais quelques astuces suffisent à éviter les faux pas. Le verbe « prendre », comme la plupart des verbes du troisième groupe, suit une règle ferme : le participe passé ne prend jamais un “t” final. Dès qu’un auxiliaire (« avoir » ou « être ») est présent, c’est « pris » qu’il faut écrire. Ce réflexe est à adopter dans chaque écrit.
- Un moyen mnémotechnique : la rime entre « il a dit » et « il a pris » fonctionne, alors que « il a dit » et « il a prit » ne collent pas.
- Au passé composé, le verbe s’accorde toujours avec l’auxiliaire, jamais au passé simple.
Pour dissiper tout doute, comparez avec d’autres verbes du même groupe : « il a mis », « il a lu ». Aucun ne finit en « t » au participe passé. Cette règle grammaticale se vérifie sans faillir sur toute cette catégorie.
Astuce visuelle
Relire la phrase à voix haute peut aider. Si elle fonctionne avec « il a fini », « il a couru », alors « il a pris » est la forme attendue. La présence d’un « t » final provient souvent d’un rapprochement malheureux avec le passé simple (« il prit »).
Si le doute persiste, il reste possible de consulter un correcteur orthographique en ligne ou de feuilleter un ouvrage de référence. Les outils numériques peuvent faire la différence, autant dans les documents professionnels que pour l’écriture au quotidien.
Entre « pris » et « prit », la règle ne vacille pas. Accepter la singularité de la langue française, c’est s’offrir la liberté d’écrire sans trébucher sur ce piège-là. La nuance, une fois comprise, ne s’oublie plus.